Connexion: Pro | Membre

maltraitance psychologique durant l'enfance

Cette discussion a été postée le 23/07/2014 et a donc plus d'un an. Elle est accessible en lecture seule et il n'est plus possible d'y ajouter de nouveaux contenus ou de poster des messages à son auteur et cela afin de garantir la tranquillité de l'auteur.

← Accueil forum public

Une discussion initiée par Violettef, non membre, le 23/07/2014 à 17:32.
Salle de discussion: Couple, famille, sexualité


Bonjour,

J'ai 27 ans et je poste ce message afin d'obtenir des conseils et éclaircissements au sujet de ma situation, et éventuellement des pistes de lectures pour comprendre le/les problèmes que j'expose ici. Il me semble que le mot "maltraitance" est adapté à ma situation, du moins il s'agit de maltraitance psychologique de la part de ma mère durant mon enfance et mon adolescence, maltraitance dont j'ai pris conscience récemment. Mais je ne parviens pas exactement à poser des mots, une analyse, des concepts pour cerner cette situation. Ma mère a été extrêmement toxique pour mes soeurs et moi : elle nous a souvent rabaissé et humilié en public, comparé à d'autres petites filles ou adolescentes de nos âges dans notre entourage proche qui étaient selon elle plus "jolies", plus épanouies, plus "cool" ; elle a aussi longtemps cherché à contrôler tous les aspects de nos vies, agissant comme si nous lui "appartenions". On a également pris beaucoup de raclés sans raisons valables, parfois très violentes et humiliantes, que ce soit avec la main, le chausson, le martinet, ou encore la fourchette à table...elle a notamment été extrêmement susceptible pendant plusieurs années, et menaçait de nous frapper à la moindre broutille, notamment dès qu'on tentait de discuter une de ses décisions. Elle n'a par ailleurs jamais respecté notre intimité, fouillant dans nos chambres régulièrement en notre absence, et rapportant des faits gênants ou intimes à notre sujet à qui voulait les entendre, notamment la famille et ses amis. Elle s'est également énormément plaint de nous auprès d'eux, répétant que nous étions ingrates avec elle qui se sacrifiait pour nous élever, insupportables, mauvaises, et ce très tôt (je devais avoir 9 ou 10 quand je m'en suis rendu compte).

Parallèlement à ça, la vie sur le plan matériel était catastrophique : des conditions de vie très limites (un logement très peu meublé, pas de bureau sur lequel faire mes devoirs, le sommier de mon lit a été cassé pendant plusieurs années, ce qui m'a occasionné d'importants problèmes de dos), un suivi quasi nul sur le plan de la santé (arrêt du pédiatre très tôt, une scoliose non soignée malgré les nombreuses demandes du médecin scolaire à l'époque, une dentition catastrophique qui me cause pas mal de complexes et de frais aujourd'hui... heureusement qu'il y avait les visites médicales obligatoires à l'école, au moins pour les vaccins !), jamais de vacances (mais il faut dire qu'on avait peu d'argent) et surtout jamais d'activités extra-scolaires, que ce soit sportives, artistiques ou ludiques. Ma mère restait sur son canapé devant la télé soirs et week-ends, pendant que nous jouions ou lisions dans nos chambres (on avait rarement le droit d'aller dans le salon, et on évitait de toute façon car elle était insupportable). Pas de balades, de visites, de découvertes, rien. Elle a d'ailleurs coupé les ponts avec les gens pendant plusieurs années, nous coupant également de notre ancienne vie sociale (famille de mon père, amis et connaissances de notre ancienne ville...). Et je n'ai jamais eu un centime d'argent de poche ; j'ai énormément galéré durant mes années de lycée pour obtenir le minimum vital : fournitures scolaires, livres, places de cinéma et de théâtre pour les sorties scolaires obligatoires, vêtements... jusqu'aux sous-vêtements, ou abonnements de bus pour me rendre en cours... Par exemple, je n'ai eu aucune nouvelle paire de chaussures entre mes 15 et 18 ans, et ai porté des chaussures trop petites durant toute mon année de 5ème. Elle piquait parfois des crises d'hystérie quand je demandais un livre de poche pour les cours (pour le bac !) ou 1 euro pour prendre le bus. Entre 15 et 18 ans, j'ai renouvelé mes pulls et pantalons grâce à l'argent que m'offraient mon père et mes tantes à noël, parfois même acheté les fournitures scolaires avec ça. Je n'avais pas vraiment de vêtements "adaptés" aux saisons : des profs me l'avaient fait remarquer à plusieurs reprises. Elle avait pourtant des aides sociales conséquentes pour nous : CAF pour 3 enfants, pension alimentaire de mon père (qu'elle a quitté quand j'avais 8 ans, en exigeant notre garde), et nous étions toutes trois boursières ; sans compter que nous vivions dans un HLM, donc, des réductions de loyer. Mais il me semble avec le recul que ces aides étaient rarement utilisées à bon escient. Etudiante, j'ai par ailleurs dû batailler avec elle pour qu'1/3 de la pension alimentaire de mon père me revienne, et que la bourse d'études de l'Etat soit versée sur mon compte bancaire : elle escomptait la recevoir sur son compte et ne me verser que "ce dont j'aurai besoin"...(autant dire que j'aurai galéré financièrement). Quand mes soeurs ont commencé à travailler en tant qu'apprenties, elle a instauré un prélèvement mensuel sur leurs comptes bancaires pour "les charges" (l'eau, le gaz, etc), qu'on gaspillait selon elle. On avait pas le droit de prendre une douche par jour parce que ça coûtait trop cher, elle par contre allait chez le coiffeur tous les mois pour se faire une permanente et une coloration à 100 euros ...
On a par ailleurs beaucoup déménagé, j'ai notamment fait 3 collèges différents, ce qui contribue peu à la stabilité d'un enfant à mon avis : un en 6e, un nouveau en 5e, puis un autre en 4e ; je me suis battu pour rester dans celui-ci en classe de 3e malgré un nouveau déménagement, et ai obtenu gain de cause. Mes soeurs par contre ont fait 4 écoles primaires différentes en 4 ans...

Elle fabule également beaucoup à notre sujet depuis notre enfance, décrétant un jour que mes soeurs étaient boulimiques, un autre qu'elles sont devenues anorexiques, ou qu'elles font une dépression...de mon côté, j'ai été dépressive à 13 ans, raciste à 8 (?), anorexique à 10 ; j'allais devenir aveugle à 14 ans car je ne portais plus assez mes lunettes. Une voyante lui a prédis que je fumerai à 15 ans et m’enfuirai de la maison avec un garçon dont je serai enceinte ; elle a mis du temps à en démordre et me reprochait déjà ces faits quand j'avais 8 ou 9 ans. Récemment, elle a décrété que j'avais "une maladie" car j'ai perdu quelques kilos. Elle n'a bien sûr jamais gardé ses "diagnostics" pour elle, en parlant à qui voulait les entendre...je l'entendais parfois, étant enfant et adolescente, quand elle en parlait aux gens au téléphone. Et c'était dur (et rabaissant) de supporter le regard des gens, qui semblaient la croire quand elles disait que je faisais une dépression par exemple. Des médecins lui ont par contre demandé assez sèchement de me laisser tranquille et expliqué que je n'avais rien (un psychiatre et un ophtalmo qu'elle m'avait emmené consulter, par exemple). Elle a par ailleurs empêché mes soeurs de choisir les formations qu'elles souhaitaient au lycée parce qu'elles n'avaient soi-disant "pas assez de caractère" pour ces métiers (restauration et dresseur de chiens) et a toujours contrôlé leurs choix de vie de très près. Elle a exigé leur redoublement en 3e année de maternelle auprès des maîtresses, qui évidemment ont refusé, parce qu'elles étaient soi-disant trop "immatures" pour entrer en CP selon elle...

En public, en famille, elle affichait un grand sourire affectueux et une voix mielleuse, se présentait comme une mère courage très soucieuse de la santé et de l'équilibre de ses enfants... elle a notamment eu le culot de dire qu'on avait de la chance, parce qu'elle ne nous avait jamais frappé. Je pense d'ailleurs que peu de gens (dans notre famille notamment) nous croiraient si on racontait tout ce qui précède. Mais une fois à la maison ou dans la voiture, une fois le téléphone raccroché, elle lâchait son sourire et recommençait à gueuler avec une voix de poissonnière et nous menacer de nous coller des baffes à tour de bras.

Je pourrais étaler encore des dizaines d'exemples pour illustrer tout ce que je viens de dire...

Aujourd'hui on manque cruellement de confiance en nous mes soeurs et moi, d'ailleurs ça a toujours été le cas. J'ai passé mes années d'adolescence prostrée, résignée, à attendre qu'elles passent et à croire que j'étais une moins que rien. Je réalise que j'ai toujours été incapable d'envisager l'avenir et ses différentes étapes (le brevet, le bac, le permis, les études, un travail...le couple, les enfants) parce que ça me terrorisait complètement, je me suis toujours dis que je ne serai pas capable de franchir ces étapes, de réussir, et me suis souvent retrouvée bloquée (je n'ai toujours pas osé passer le permis par exemple, convaincue que je n'y arriverai pas). Et je n'arrive pas à faire de choix (études et orientation, travail, hommes...). J'ai aussi le sentiment terrible d'avoir perdu mes années d'enfance et d'adolescence, d'avoir bien trop de choses à rattraper, à essayer, je suis un peu jalouse des autres qui semblent avoir profité de tellement de choses (sur le plan matériel, sur le plan de l'épanouissement aussi...). Et les questions concernant l'attachement affectif me posent pas mal de problèmes, j'ai toujours très peur que mon copain m'abandonne ou ne me respecte pas, que mon conjoint ou futur mari m'échange contre une femme "mieux que moi" ; je me sens en "insécurité" en permanence. J'ai d'ailleurs commencé à avoir des grosses crises d'angoisse dès le début de ma première relation amoureuse sérieuse, et au moment des partiels durant mes années d'études supérieures (mots de ventre, vomissements incontrôlables, insomnies...), qui ont nécessité la prise de médicaments (somnifères, anxiolytiques...) que j'ai réussi, en partie, à arrêter (j'ai toujours besoin d'un petit morceau de somnifère chaque soir cependant). Sur le plan amical, j'ai du mal à faire confiance aux gens, et je suis extrêmement affectée par le regard des autres et les critiques à mon encontre ; ça perturbe également mes relations professionnelles. J'ai toujours l'impression de ne pas être "normale", et j'ai des périodes durant lesquelles je ne supporte même pas qu'on me regarde... J'ai remarqué que ces traits de caractère étaient présents de façon décuplée chez une de mes petites soeurs, qui est notamment incapable de garder ses amies depuis le collège (elle finit toujours par les rejeter, convaincue qu'elles la négligent ou la critiquent), et pique des crises de colère ou d'angoisse régulièrement (quand elle rate un contrôle par exemple, ou qu'une amie ne peut pas la voir). Mon autre soeur est coincée chez ma mère, sans travail depuis 2 ou 3 ans, sans formation professionnelle (qu'elle a abandonné, car ça ne lui plaisait pas : c'était le choix de ma mère et non le sien...), persuadée d'être une moins que rien. Je ne suis même pas sûre qu'elle cherche vraiment un emploi...
Il me semble, j'en suis sûre, que tout ça vient de ce que nous avons subi durant notre enfance et adolescence. Et si les premières années d'études loin de la maison familiale, en autonomie financière grâce à une bourse, ont été un bonheur incroyable (je revivais totalement), aujourd'hui je me sens bloquée dans ma vie (les angoisses, la peur d'avancer) ; notamment, je me sens totalement incapable d'avoir des enfants ou même un seul, et de les élever. Je ne comprends même pas pourquoi des hommes restent avec moi et continuent à m'aimer, je finis forcément par les mépriser ou me dire qu'ils sont forcément pas normaux. Et en même temps je suis souvent bien incapable de les quitter, il me faut un temps fou pour me décider, parce que j'ai trop peur d'être seule, ça m'angoisse. Je n'ai jamais été capable d'être célibataire plus de 5 ou 6 jours depuis mes 17 ans, d'ailleurs. Mais j'ai rejeté un garçon dont j'étais folle amoureuse l'an dernier parce que j'avais peur de ne pas être assez bien pour lui et qu'il me délaisse...

J'aimerai savoir quels genres de spécialiste ou de thérapie pourrait m'aider par rapport à tout ça, ce que je pourrais faire pour avancer un peu mieux dans la vie ? Notamment, je suis rentrée quelques jours chez ma mère pour noël cette année (je n'y met pratiquement plus les pieds depuis mes 19 ans, peut-être une fois par an ou tous les 2 ans...), et j'ai vraiment pris conscience à ce moment là d'à quel point elle était folle et pouvait être la cause de nombre de mes problèmes (elle a décrété que j'étais "malade" parce que j'avais perdu du poids, dis des choses gênantes sur nous devant des membres de notre famille, a rabaissé une de mes soeurs de façon gênante devant mon conjoint, nous a fait dormir lui et moi dans un lit cassé avec un trou béant au milieu du sommier, et j'ai remarqué qu'elle contrôlait le compte en banque d'une de mes soeurs partie en formation en Belgique...). Depuis ce noël je suis totalement bloquée, je ressasse complètement : je me demande comment j'ai pu ne pas voir que tant de choses clochaient, l'ampleur du problème. Tous ces souvenirs me sont revenus. Je me demande comment j'ai pu les zapper ! Et j'ai réalisé avec quelques lectures que mon enfance coïncidait avec pas mal de caractéristiques associées aux enfants dits "négligés" (à la différence de la maltraitance). Je me demande, en outre, si il ne faudrait pas que je coupe totalement, radicalement les ponts (je n'ai pas répondu à ses appels ni donné de nouvelles depuis).

Toutes mes excuses pour ce pavé. J'espère que je pourrais obtenir quelques réponses intéressantes, notamment concernant des spécialistes, et des lectures sur ce type d'enfance et de problèmes. Merci à ceux qui auront eu le courage de me lire...

Discusison archivée

Violettef a reçu 6 réponses

>   Des pistes par Jérôme Vermeulen, membre actif, le 04/08/2014 à 11:47 pour Violettef
Bonjour Violettef,

En tant que webmaster du site, un tout grand pardon d'abord concernant le délai de réponse à votre message, lié à une période un peu particulière de l'année...

Je suis d'abord positivement surpris par la qualité de votre texte, l'intelligence qui transparaît dans chaque ligne, ainsi que l'équilibre général de votre récit. Je vous recevrais en consultation, je me dirais que le pronostic est très bon et que les principaux ingrédients sont présents pour aller mieux.

Beaucoup de questions se bousculent dans votre message. Des lectures d'abord... avez-vous lu Hervé Bazin? Vipère au poing, La mort du petit cheval...? De très beaux romans, largement autobiographiques...

Je suis en Belgique... mais vous avez tout à fait le profil des personnes avec lesquelles je peux travailler avec l'hypnose, en poursuivant deux perspectives essentielles:
1/ revenir sur les nombreux traumatismes passés pour les "nettoyer" (si vous me permettez cette expression qui fait un peu produits ménagers); il ne faut pas forcément tous les faire (ouf!);
2/ vous réorienter correctement vers votre avenir en partant essentiellement de votre force (indubitablement présente à vous lire), de votre créativité, de vos attentes et de vos enjeux (par rapport à la vie de couple, la maternité...);

Je peux vous garantir que l'hypnose, bien utilisée par des personnes compétentes fonctionne très très bien!

Je ne fais pas trop long quant à moi, vous laissant le temps de réagir à mon message.
J'espère que d'autres psychologues pourront venir vous parler de leurs suggestions et de leur pratique également!

JEROME VERMEULEN
Psychologue - WebMaster

Discusison archivée


>  >   des confrères en région lyonnaise ? par Violettef, non membre, le 08/08/2014 à 18:10 pour Jérôme
Bonjour,

Je vous remercie pour cette réponse, que je découvre aujourd'hui seulement.
Je réfléchis aux (nombreux) conseils que l'on m'a envoyé en réponse à mon message, sur ce forum et en privé, notamment en ce qui concerne l'hypnose et une "thérapie cognitive et comportementale". Mais résidant sur Lyon, il me semble compliqué d'effectuer des aller-retours entre cette ville et Bruxelles, Lille, etc. : auriez-vous des confrères à me conseiller en région lyonnaise ou à proximité ? (par mail si cela pose problème sur un forum public).

A ce jour, j'ai consulté un psychiatre à 22 ans, et deux autres brièvement à 25, mais ça n'a pas été concluant (notamment la prescription d’anxiolytiques, qui ont été très pénalisants malgré des doses réduites : mémoire, réflexes et motricité, accoutumance... j'ai raté mes examens cette année là, malgré de bons résultats habituellement). Vous parlez de la qualité de mon texte : je parviens à m'organiser et m'exprimer clairement à l'écrit, depuis l'enfance, mais c'est beaucoup plus difficile à l'oral, d'où une certaine difficulté lors des consultations (entre autres)... Il me semble par ailleurs que j'avais beaucoup trop honte pour formuler à l'oral tout ce que j'ai rapporté plus haut, même devant un médecin (qui n'avait pourtant aucun lien avec mon entourage).

Je n'ai pas encore lu Hervé Bazin, merci pour ce conseil. A vrai dire je crois avoir eu à faire avec 3 éléments, plus ou moins liés entre eux :
- la personnalité de ma mère (certains ici m'ont parlé de personnalité toxique, de perversion narcissique,...)
- le fait d'être issue d'un milieu populaire, défavorisé. Dans lequel par ailleurs la tendance, il me semble, à "négliger" les enfants, du fait d'un manque d'argent, d'éducation, etc, est beaucoup plus présente (éducation aux soins de santé notamment, violence physique, pour citer des exemples qui semblent en rapport avec mon expérience).
- et le fait de m'être retrouvée parmi des personnes issues d'un milieu social très favorisé, au lycée et à nouveau à la fin de mes études, puis dans ma vie personnelle. Dont mes amis, mes petits amis et leurs familles, mon conjoint... une expérience dont sont issues un tas d'incompréhensions et de hontes, particulièrement durant l'adolescence et le début de la vie d'adulte, il me semble.

J'ai donc jusqu'ici lu exclusivement des ouvrages traitant de ce dernier point (Didier Eribon, Edouard Louis, Annie Ernaux...), puisque c'est le seul que j'avais "saisi", compris. Je ne sais pas si c'est très clair, mais il me semble que la personnalité de ma mère et mon milieu social d'origine sont deux clés importantes. Pas forcément complètement liées...

Et j'ai, en ce sens, une seconde question : les psychologues observent-ils ce genre de problèmes et de faits (rapportés dans mon premier message) plus régulièrement chez des personnes et des familles qu'on peut qualifier de "défavorisées" socialement ? (de nombreux enfants, des problèmes financiers, une scolarité stoppée très tôt...)

Je vous remercie par avance pour votre réponse, concernant notamment un spécialiste en région lyonnaise qui pourrait effectuer le type de thérapie évoqué.

Discusison archivée


>  >  >   Psychologues région lyonnaise par Jérôme Vermeulen, membre actif, le 12/08/2014 à 11:28 pour Violettef
Bonjour Violettef,

Ah ! vous avez lu Annie Ernaux, chouette. Les armoires vides? J'ai bien aimé (j'ai lu ça il y a 20 ans). Car il y a effectivement des soucis importants qui peuvent (mais pas forcément) apparaître chez des personnes qui, comme vous, prennent l’ascenseur social. Pas si simple qu'il y paraît!

Comparaison n'est pas raison, et il est évidemment impossible et vain de tenter de comparer Folcoche à votre maman; je pense qu'en aucun cas le sens du message de ma consœur n'allait d'ailleurs en ce sens Smiley Il s'agit essentiellement de vous "mettre en contact" par roman interposé avec un homme qui, comme vous, de manière différente toutefois, a bien dégusté durant son enfance. Ici, en l'occurrence, dans un milieu social plutôt favorisé.

Pour votre question, globalement, les études démontrent plutôt que la violence (familiale, conjugale, sexuelle, psychologique...) touche tous les milieux sociaux.

Pour Lyon, vous avez une liste des psychologues se trouvant dans le départemant du Rhone:
http://lepsychologue.org/psychologues/psychologues-departement-69-rhone.php

Je préfère vous laisser y regarder par vous-même; votre feeling est important aussi !

Bien à vous,

JEROME VERMEULEN

Discusison archivée


>   violences psychologiques et physiques par ILEVERT, non membre, le 04/08/2014 à 16:44 pour Violettef
Bonjour Violettef,
En vous lisant, tout comme mon confrère, j'ai songé à Folcoche, la mère dans le récit autobiographique d'hervé Bazin, ceci d'autant plus que pour l'écriture d'un nouveau livre je me suis replongée dans ce livre.
Je vous donne en avant-première les lignes que j'ai rédigées il y a deux jours sur ce personnage devenu archétypal :
" Folcoche est le surnom donné à la mère, dans le roman autobiographique Vipère au poing1 d'Hervé Bazin. Jean, le héros narrateur, dit Brasse-Bouillon, est le deuxième d'une fratrie de trois. Les aînés sont élevés par la grand-mère paternelle et le petit dernier vit avec ses parents en Chine. Jean est âgé de huit ans quand son aïeul décède et quand ses parents rentrent en France avec leur plus jeune fils. La rencontre des enfants avec leur mère, qui a lieu sur le quai de la gare, à sa descente du train, donne le ton. Elle les repousse avec des gifles, eux qui s'empressaient auprès d'elle, et leur reproche ensuite leurs sanglots en guise d'accueil. Leur mère s'avère froide et méchante. Les enfants ne pourront jamais l'appeler Maman et la baptisent Folcoche. Quant à leur père, il est le complément d'une telle mère, soit un fantoche (cf. la description qu'en fait Jean, infra).
A peine est-elle de retour à la Belle Angerie, la demeure familiale, Folcoche instaure un nouveau règlement. Le café au lait est remplacé par une soupe, les oreillers, les édredons sont supprimés, les affaires personnelles sont confisquées, les poêles sont enlevés des chambres, les cheveux des garçons sont rasés, été comme hiver, les bottines sont changées pour des sabots en bois. Un précepteur est chargé d'instruire les enfants et sera chassé aussitôt qu'il ne sera pas assez sévère. Il en défilera un certain nombre. Marcel, dit Cropette, habillement manipulé, est champion de la délation et dénonce les bêtises de ses frères. A cela s'ajoute la confession publique remise en vigueur dans cette famille. La fourchette est plantée dans la main de celui qui ne se tient pas correctement à table. Un jour, l'aîné est fouetté à la place de son frère, bien que leur mère sache qu'il n'était pas coupable, afin de rompre la complicité qui les unit. Les exactions de Folcoche sont nombreuses et vont des humiliations, brimades, privations en tout genre jusqu'au mensonge et même au coup monté pour piéger Jean, celui de ses fils qui subit le plus ses fougues parce qu'il est aussi celui qui lui résiste le plus.
Folcoche est dotée d'une personnalité perverse. Elle tire plaisir à vexer, à force de rebuffades, de claques, de travaux avilissants,... Son autoritarisme est gratuit. Il ne sert qu'à lui donner la sensation de puissance face à ses enfants contraints de lui obéir. Il ne lui suffit pas de les affamer et de les frigorifier, il lui faut leur faire mal. Tout est prétexte à sévices. Plus grande est la faute, plus forte est sa jouissance car la punition se doit d'être en proportion. Quand Jean, qui a grandi et qui est devenu un adolescent, s'oppose ouvertement à ses traitements, elle ignore tout code moral pour le prendre en défaut. Elle cache son propre portefeuille dans sa chambre, espérant qu'il soit pris en flagrant délit de vol. Sa cruauté n'a aucune limite. Elle est dénuée de tout sentiment de culpabilité."

Je voudrais utiliser votre post pour illustrer plus encore mon propos et vous demande votre autorisation pour ce faire.

Je partage l'avis de mon confrère sur les forces que vous avez développées à grandir dans un tel environnement. Il y a aussi du positif dans l'adversité. Un jour viendra où vous serez heureuse de qui vous êtes et auquel ce passé a contribué lui aussi.

Dans l'attente de vous lire, bien à vous,

Discusison archivée


>  >   . par Violettef, non membre, le 08/08/2014 à 19:15 pour ILEVERT
Bonjour,

Merci pour votre réponse.

Vous écrivez "Folcoche (...) tire plaisir à vexer (...). Son autoritarisme est gratuit (...) Tout est prétexte à sévices. Plus grande est la faute, plus forte est sa jouissance (...) Sa cruauté n'a aucune limite. Elle est dénuée de tout sentiment de culpabilité".

Le personnage décrit a l'air méchant et violent gratuitement, sans raison ni explications ; tout simplement cruel (je n'ai pas lu ce livre cependant).

Ca ne me semble pas forcément coller avec la personnalité de ma mère. A lire cette description, on imagine un scénario de Disney mettant en scène une vilaine marâtre. Ceci-dit je comprends qu'il s'agit peut-être (comme dans d'autres disciplines des sciences humaines) d'un "idéal-type", qui se veut donc forcément caricatural et réducteur pour saisir une réalité. Dans tous les cas, je n'ai pas de problème avec l'idée que vous réutilisiez mon message pour illustrer vos idées, puisqu'il est anonyme.

Bien cordialement,

Discusison archivée


>  >  >   Complément par Eve R, non membre, le 02/09/2014 à 12:15 pour Violettef
Bonjour Violettef,
Je lis votre témoignage et ma réponse est peut-être un peu tardive, mais pour compléter ce qui a pu peut-être, vous être conseillé en message privé, je vous propose mon point de vue :
les lectures sont utiles, sans aucun doute, mais je pense qu'elles ne peuvent pas remplacer une relation thérapeutique. Vous n'avez aucun problème à raisonner, vous êtes dotée d'une intelligence indéniable (qui vous sauve probablement), ce qui vous pose problème ce sont les relations avec les autres humains, comme vous le dites dans votre témoignage : ce n'est que par une relation (thérapeutique), que vous pourrez apprendre à "apprivoiser" ce mécanisme.

Alors, voir un psy, certes, encore faut-il trouver le bon.

Vous avez vu plusieurs psychiatres mais cela n'a pas fonctionné. L'avantage du psychiatre est qu'il est remboursé, évidemment ce n'est pas négligeable, et je comprends amplement la nécessité de passer par un professionnel remboursé. Assurez-vous en revanche que le "psy" quel qu'il soit soit aussi "psychothérapeute" : certains psychiatres ne font que diagnostic --> médicament, or vous n'avez pas besoin de ça. La différence est assez facile à faire : le psy-médoc vous reçoit une seule fois longtemps, puis 10 à 15mn pour renouveler le traitement ou le modifier; le psychothérapeute vous accompagne, vous voit longtemps, souvent, vous fait parler, etc. C'est l'avantage du psychologue (non remboursé, mis à part une possible prise en charge partielle par des mutuelles), comme il ne prescrit pas de médicament il ne peut que vous faire travailler par la parole.

Ensuite, reste à savoir les méthodes thérapeutiques utilisées, il en existe beaucoup : psychanalyse, thérapies cognitives et comportementales, thérapies systémiques, gestalt, EMDR, hypnose, ...

Autant je suis généralement très "pro-cognitivo-comportemental", autant dans votre cas je ne vous les conseillerais pas, car ces thérapies s'attachent surtout aux symptômes présents sans trop creuser les causes anciennes, alors que c'est ce dont vous auriez besoin.
En plus, vous avez toutes les capacités d'élaboration nécessaires pour des thérapies "de fond", donc j'aurais plutôt tendance à vous conseiller un thérapeute formé à la systémie (comprendre l'individu en fonction des différents "groupes" dans lesquels il a évolué : famille, société, collègues de travail, etc), ou éventuellement un gestalt-thérapeuthe ou psychanalyste, et de l'associer avec EMDR ou hypnose pour travailler les principaux événements traumatiques que vous avez pu vivre au milieu de toute cette maltraitance insidieuse.

Et puis surtout, un psy, c'est une question de feeling : partir en quête du bon psy peut prendre 2, 3, 10 essais, mais ne lâchez pas, le jeu en vaut la chandelle Smiley

Au total donc :
- trouvez-vous un psy (-chiatre ou -chologue) psychothérapeute,
- demandez-lui s'il est formé à la systémie, la gestalt ou la psychanalyse (bien que cette dernière soit l'option probablement la plus longue et de loin, mais pas inintéressante) et/ou à l'EMDR ou à l'hypnose,
- allez le voir et si vous ne vous sentez pas à l'aise, changez, essayez encore, et encore... jusqu'au bon!

Je vous souhaite courage et réussite dans ce parcours qui vous attend, et beaucoup d'épanouissement au bout du chemin.

Discusison archivée


Vous devez être connecté(e) en tant que membre pour participer au forum public.

Déjà membre?

Zut... peut-être... je ne sais plus

Non pas encore, je souhaite m'inscrire

Oui mais j'ai oublié mon mot de passe