Bonjour,
J'ai vu un psychologue durant trois mois, chaque semaine, dans le cadre d'une psychothérapie. L'objectif était avant tout de parler de soucis relationnels, en particulier au travail. J'ai en effet rencontré un problème assez violent de harcèlement de la part d'un groupe de personnes, dans un établissement où le management de la direction était défaillant et inégalitaire. Au fur et à mesure, nous avons été amenés à parler de mon conjoint, qui passe ses nerfs sur moi lorsqu'il rencontre un problème (stress au travail en particulier), devient agressif verbalement, m'ignore, voire même devient parfois physiquement menaçant si je tente de le recadrer. Nous avons aussi parlé de ma mère, qui nous prenait mes sœurs et moi comme bouc-émissaires lorsque nous étions enfants et adolescentes, et nous frappait si nous tentions de lui répondre ou de nous affirmer dans un sens qui allait contre elle ou contre ses conceptions.
Dans le cadre professionnel, j'ai de très bons rapports avec les directions, qui apprécient mon travail, mais ai été plusieurs fois prise en grippe ou pour cible par des salariés. Le processus est toujours le même : une ou deux personnes décrétent à mon arrivée que je suis incompétente ou « stupide », refusent de me laisser accomplir les tâches qui m'étaient attribuées, adoptent un comportement condescendant voire méprisant, modifient excessivement la moindre de mes réalisations... S'y ajoutent en général du dénigrement et des ragots. Il n'y a normalement pas d'effet « boule de neige » parmi les salariés, hormi donc une fois, où l'animosité d'une collègue s'est très vite transformée en harcèlement de groupe (8 personnes sur la trentaine que comptait l'établissement).
J'ai parlé au psychologue d'un constat régulier : ces personnes semblent en général frustrées, et sont « médiocres » voire même en échec professionnel ou en sursis au sein de l'établissement. Il s'agit en effet souvent de personnes qui souhaitent progresser hiérarchiquement mais n'y parviennent pas, ou qui sont bloquées sur un emploi inférieur à leur niveau de formation ou à leurs attentes en terme de « prestige » : de statut, de salaire, etc. Plus exactement, j'ai remarqué que les défauts qu'elles m'attribuaient (incompétence, stupidité, voire même parfois superficialité ou méchanceté) s'avéraient en fait être les leurs.
Et j'ai deux sœurs, qui rencontrent des soucis similaires au travail, en particulier l'une d'elle. Elle a d'ailleurs connu des problèmes de harcèlement au collège puis au lycée. Moi, non : si un enfant puis un ou deux adolescents ont effectivement tenté de me prendre pour cible, j'étais trop bien intégrée et ça ne « prenait » pas chez nos camarades de classe. Ces personnes passaient vite à autre chose (voire à quelqu'un d'autre).
Pour en venir au psychologue auquel j'ai fait part de ces problèmes : la quasi totalité des séances se sont déroulées avec bienveillance, à l'exception de deux et en particulier de la dernière, très étrange. Il s'est montré assez froid, voire désagréable (comportement que j'avais mis sur le compte de la fatigue, à quelques heures de ses vacances d'été : il avait les traits tirés, et semblait « saoulé » d'être là). Il a tenu à plusieurs reprises des propos que j'ai trouvé choquants et irrespectueux. Il a notamment sous-entendu que je m'étais présentée à lui de manière partielle, sous un jour qui me serait « favorable » mais dont il manquerait des éléments (négatifs). Il a ensuite suggéré que j'étais responsable des comportements agressifs de mon conjoint ; pas dans le sens d'une « répétition » des schémas d'enfance (dont nous avions déjà parlé lui et moi, et dont je n'ai pas spécialement de mal à admettre l'existence), mais dans le sens où j'aurais selon lui des manifestations impulsives soudaines, que je lui cacherais, des sortes de « passages à l'acte » agressifs contre mon conjoint (comme dans le cas des personnes en états limites). Il est également intervenu de manière très abrupte dans mon récit au moment où j'établissais un lien entre le comportement de mon conjoint et le fait que sa mère, au début de sa relation avec son père, avait exigé de ce dernier qu'il consulte un psychologue, car il était incapable de contenir sa colère voire se montrait « violent ». Le thérapeute m'a interrompu de manière brutale, un peu hostile, pour essayer de me faire dire que je parlais en fait de ma propre « agressivité » (que j'étais donc en pleine projection).
J'ai eu l'impression désagréable qu'il utilisait l'état un peu particulier et vulnérable dans lequel met la psychothérapie pour me « piéger » et me faire dire quelque chose qui, pourtant, est faux. Plus tôt encore lors de cette séance, il avait tenté de me faire dire que je serais « paranoïaque », et que les problèmes relationnels que j'ai rencontré ne sont pas réels et seraient en fait dus à de la « paranoïa ».
Jusqu'alors, il admettait que certaines personnes puissent constituer des bouc-émissaires, des « réceptacles » pour les frustrations des autres, en fonction de leur vécu et de leur personnalité (c'est même lui qui l'avait suggéré face à mon incompréhension vis à vis des problèmes rencontrés au travail). Et je suis une personne très calme, qui n'agresse pas autrui, n'élève même jamais la voix, et qui par réflexe se fait toujours toute petite. Et surtout, je n'ai jamais « agressé » ou attaqué mon conjoint ! Je saisis par ailleurs assez mal pourquoi j'irai donner spontanément 300 euros par mois à un thérapeute pour lui faire croire que je suis une tout autre personne, le manipuler et ne pas chercher à progresser. Je ne venais pas dans le cadre d'une obligation de soin ou à la demande de mon entourage ...
Je suis sortie très perturbée de cette dernière séance, et me suis retrouvée en état de choc les jours suivants : je pleurais, j'étais complètement déprimée et ne parvenais même plus à travailler. Je suis une personne globalement d'humeur égal, et j'avais pourtant soudainement peur d'être folle sans le savoir, ou d'être une personne qui risquait de le devenir un jour. Les quelques pages de mon journal intime dans les jours qui suivent cette séance ne me ressemblent pas : ce sont celles d'une personne soudainement dépressive, sidérée, qui broie du noir et a peur. Je suis choquée qu'un professionnel auquel on a fait confiance puisse soudainement se comporter ainsi, dans un tel cadre, et surtout, en sachant qu'il se passerait ensuite plus d'un mois sans que je puisse en parler avec lui ! (du fait des vacances). J'avais bien remarqué deux ou trois choses étranges lors des autres séances (il avait tenté les premières heures de parler de sa vie personnelle, m'avait proposé de le tutoyer). Et j'avais de temps à autre l'impression d'être jugée de manière exagérée, selon ses propres conceptions et valeurs, qui prenaient un peu trop de place à mon goût dans le cadre de l'exercice de sa profession. Ses conceptions et valeurs étaient d'ailleurs très caricaturales et manichéennes, de mon point de vue trop tranchées. Mais je progressais malgré tout et voyais les bons côtés, me disais qu'il fallait être un peu moins exigeante avec les gens, qu'on ne peut pas trouver le thérapeute parfait...
J'aimerais savoir si ce type de problème est souvent rapporté par des patients ? Comment dois-je réagir ? J'ai le sentiment que si je lui dis, ça ne fera qu'empirer les choses : il interprétera à nouveau mes propos n'importe comment, en sombrant dans la caricature et le manichéisme. Je lui avais fait part deux ou trois semaines avant de mes impressions quant au fait qu'il me jugeait de temps à autre, et il avait nié.
Existe t-il un organisme professionnel auquel ce type de comportements peut être rapporté ?
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