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Merci, Lore,
Merci, Jivé,
Pour vos bons conseils et réactions, auxquelles je réponds avec grand plaisir sur :
a. l’antagonisme Intellect-émotions et l’importance de celles-ci, soulevée par vous deux ;
b. la « confrontation d’un milieu à ses manquements », citée par Jivé ;
c. la retenue ou réception émotive de mes événements relatés, demandée par Lore.
a. Antagonisme Intellect-émotions
Ce n’est pas nouveau ! Depuis l’imprimerie, l’encre et la salive opposent philosophes et prêcheurs, raison et foi, affect et intellect. De Marx à Trump, l’intello est le dissident des cultures de masse. Le bras de la nôtre est le marketing. Depuis les années cinquante, la recherche psycho-linguistique américaine rencontre ses préceptes :
(1) existence = compétition (formation par communauté d’affinités) ;
(2) s’affirmer = communiquer = imposer sa langue, son jargon ;
(3) réactivité = (imposer sa propre peur de la) performance
(4) réussir = consommer ;
(5) visibilité = importance.
Il me semble qu’en découlent cinq travers ou sources de manipulation :
- de (1), le contradicteur est un devenu un adversaire ;
- de (2), identification et disqualification des non-initiés et introvertis ;
- de (3), raréfaction de l’indulgence, de la patience envers le manque d’expérience;
- de (4), légitimation par la pulsion, l’affect ; marginalisation de la réflexion ;
- de (5), un groupe est légitime par sa visibilité ; une émotion est sincère par sa visibilité.
b. « Confrontation d’un milieu à ses manquements »
Plutôt littéraire dans un entourage familial qui ne l’est pas, j’ai dû le confronter malgré moi à une mauvaise expérience passée quand j’ai souhaité reprendre des études littéraires. Plutôt que de m’encourager ou de rester neutre, il a délibérément choisi de m’en dissuader. J’arrive à leur fin, mais la tronche qu’il fait toujours me convainc que, non, contrairement au point (5), l’individu n’a pas toujours tort face au groupe, aussi péremptoire et manipulateur soit-il.
c. Retenue ou réception émotive
Lore, vous m’interrogez sur mon passé, mon entourage familial et le milieu homo, et me demandez de me placer en leur centre sans le regard de l’observateur. C’est un exercice. Je vais m’échauffer par la réponse que vous ne souhaitez pas.
Comme observateur, je comprends :
- par les points (1) et (2), pourquoi j’ai été si souvent, dans mon passé, chahuté par des professeurs impatients, des parents infantilisants et des interlocuteurs qui tenaient mal la contradiction dans les débats ;
- par le point (3), pourquoi mon milieu familial a relayé sur moi sa propre peur de la performance, issue de tant de crises économiques vécues ;
Maintenant, je vais m’approcher de la réponse que vous attendez, mais attention, je parlerai du milieu homo comme un homme parle d’un milieu d’hommes.
- pourtant commerçants bout-en-trains, très entourés et témoins d’autres familles encourageant leur enfant, mes parents n’ont pas suivi leur exemple, car ils m’ont conçu en pleine dispute, et ma mère, violentée par mon père, a choisi de m’infantiliser pour que je ne devienne pas un homme.
- même si elle devient progressivement soluble dans la société, la communauté gay, calquée sur le marketing américain, est décérébrée par lui, car d’un côté, elle est pensée pour les extravertis (2), aux ricanements desquels le débutant timide inexpérimenté est constamment exposé ; d’autre part, elle ferme les yeux sur les pulsions (4) qui vont jusqu’à fantasmer sur des rapports sexuels non protégés, contaminants et sous domination chimique.
J’estime que si un milieu invoque l’individualisme et la liberté sexuelle pour ricaner de l’inexpérience des uns tout en laissant faire une population aussi morbide que dangereuse, ce milieu l’est autant qu’elle.
Voilà, Lore, ce que j’ai compris en intellectualisant. Si je m’étais arrêté à des émotions, j’aurais raté des études, j’aurais été contaminé par l’anxiété de performance du marketing... et peut-être par un joyeux barebacker de ce pays de coke-agne.
Pardon de finir par une note plus sombre et au plaisir de vous lire !
Marc
Discusison archivée