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Inné et acquis

Auteur: Jérôme Vermeulen


Résumé: Ce bébé en sait-il plus qu'il y paraît? Bien avant les psychologues, les philosophes débattaient déjà de l'inné et de l'acquis dans la nature humaine. Cet article fait le point sur l'inné et l'acquis du point de vue du psychologue


Bien avant les psychologues, les philosophes débattaient déjà des composantes innées ou acquises du comportement humain, en opposant la nature à la culture. Si cette dimension est beaucoup interrogée par les psychologues, ces derniers ne peuvent absolument plus faire l'impasse sur les découvertes de disciplines scientifiques comme la génétique ou la médecine.

La part de l'inné

Lorsque l'on parle d'inné, il s'agit, par définition, des composantes physiques et psychologiques avec lesquelles nous naissons. Lorsque l'on sait que notre capacité à parler, à raisonner, à être humain, est totalement liée à nos gênes, il est évident que cette part d'inné doit être considérée comme gigantesque. En effet, même s'il est possible d'apprendre à un singe à manipuler de manière impressionnante le langage des signes, ou à un chien de reconnaître plusieurs centaines de mots, aucun des deux ne pourra tenir une conversation soutenue sur la situation économique actuelle.

La part d'inné est également abordable sous d'autres aspects. Par exemple, de manière intuitive, par tous les parents qui ont plusieurs enfants et qui ont pu remarquer à quel point des tempéraments parfois diamétralement opposés peuvent coexister chez les enfants d'une même fratrie.

D'un point de vue plus scientifique, de nombreuses études menées par des généticiens, des médecins et des psychologues démontrent l'impact hautement probable du patrimoine génétique dans l'apparition de troubles physiques (maladies héréditaires) et/ou psychologiques (autisme, retard mental, ...).

Des études ont également mis en évidence des points communs frappant dans les comportements (comme par exemple les choix de vie ou la personnalité) ou les troubles mentaux (dépression, schizophrénie) chez les jumeaux homozygotes.

La part de l'acquis

Néanmoins, que cela soit en positif (intelligence, créativité) ou en négatif (troubles mentaux et physiques), la composante génétique est à considérer comme une potentialité, susceptible de s'exprimer (ou pas) en relation avec l'environnement.

L'environnement renvoie tout d'abord à la culture: une période donnée de l'histoire et une région précise du monde. Un homme de Cro-Magnon aurait probablement pu suivre une scolarité normale. A l'inverse, le cas bien connu du petit Victor de l'Aveyron, découvert par des chasseurs vers 1800, rappelle qu'on ne naît pas homme mais qu'on le devient. L'enfant sauvage n'a jamais pu être socialisé correctement, ni apprendre à parler, malgré les efforts intensifs et bienveillants de Jean Itard.

L'environnement familial est lui aussi capital et incontournable. Les normes familiales, le temps, l'affection, la sécurité transmis à l'enfant auront bien sûr un poids considérable dans le développement de sa personnalité.

Enfin, l'environnement c'est aussi un ensemble d'événements de vie qui ne sont pas quantifiables, comme les rencontres ou les opportunités qui se présentent à l'individu, et qui peuvent durablement influencer ses comportements.

Conclusion

Les comportements, les troubles mentaux, le tempérament d'une personne, sa vie émotionnelle ou affective, etc., ne peuvent être ramenés ni aux seuls facteurs acquis (historiques, familiaux ou éducatifs) ni aux seuls facteurs génétiques. Le psychologue étant, de par sa formation, surtout attentif aux facteurs acquis, la prudence devrait l'amener à toujours garder à l'esprit la possibilité d'une composante biologique innée.

Texte mis en ligne le 12-01-2018

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