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Le radeau de la méduse

Cette discussion a été postée le 24/04/2016 et a donc plus d'un an. Elle est accessible en lecture seule et il n'est plus possible d'y ajouter de nouveaux contenus ou de poster des messages à son auteur et cela afin de garantir la tranquillité de l'auteur.

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Une discussion initiée par Lapatate, non membre, le 24/04/2016 à 15:53.
Salle de discussion: Autre thème, divers


Bonjour.
Je tiens tout d'abord à signaler que je suis tombée sur ce forum par hasard, et je ne recherche en aucun cas LA réponse qui révolutionnera ma vie. Je souhaite seulement entendre vos avis sur ma situation actuelle qui me paraît problématique; et partager des expériences similaires. Excusez la longueur du message.

J'ai la vingtaine, et depuis deux-trois ans, j'ai l'impression effrayante d'être coincée au milieu de l'océan sur un radeau branlant (d'où le titre), avec une pagaie trouée en main.
Pour vous expliquer un peu mieux, il faut que je résume un peu ma jeunesse.

Je suis née dans une famille relativement aisée, de parents cultivés qui m'ont permise d'acquérir moi-même une bonne culture générale, et un amour profond des arts et lettres. J'ai un frère artiste, et je dessine (j'espère en faire mon métier). J'ai vécu une enfance très heureuse dans le cocon familial. Pour ce qui est de l'école, j'ai toujours été bonne élève, et mis à part un épisode de crise au cm2 (j'avais trop de succès avec mes camarades qui se détestaient entre eux et me demandaient de choisir, j'en ai fait une crise d'angoisse), je me suis toujours débrouillée pour réussir mes études.

Niveau relationnel, l'épisode difficile de mon parcours scolaire m'a valu de devenir timide et légèrement solitaire et de prendre en phobie les amitiés trop fusionnelles. Mais je pense avoir réussi à comprendre ce problème et ce n'est pas de cela que je veux parler.

Voilà : il y a environ trois ans, depuis mon entrée en licence de lettres, j'ai progressivement perdu toute motivation pour l'étude. Mes notes ont commencé à chuter (on me dit que c'est normal, mais je suis tout de même passée de 16 de moyenne à 10, voire 8), et à l'heure actuelle, je ne parviens absolument pas à me concentrer (preuve : j'ai partiel demain, mais je suis en train d'écrire). Que ce soit sur ordinateur ou non, je ne parviens pas à m'obliger à travailler. Sur ordinateur je finis sur facebook; sur papier, je relis dix fois les phrases sans les voir, je perds le fil etc.
Ajoutons à cela que je stresse facilement, et je perds toute énergie pour le travail. Et cerise sur le gâteau : j'ai raté un concours d'entrée dans une école d'art, ce qui m'a valu de reconsidérer mon "talent". J'ai tout essayé pour me remettre à bosser, mais plus rien ne marche.

Pour préciser, il faut savoir que ma vie ces dernières années à changé quelque peu : je suis en double licence, je ne peux donc pas assister à tous mes cours et j'ai plus d'heures; j'ai découvert il y a près d'un an que j'avais des allergies et j'ai du adapter mon régime (et je suis végétarienne). et point le plus important : une personne de ma famille proche est très malade et cela affecte beaucoup mon quotidien.
Il m'arrive de pleurer, mais je dors bien et je parviens à me distraire. Mais au niveau du travail, ça coince.

Eh bien voilà; Je crois avoir tout dit, j'attends de tout cœur vos réponses.

Discusison archivée

Lapatate a reçu 5 réponses

>   Humeur et cognition par Eve R, non membre, le 27/04/2016 à 11:53 pour Lapatate
Bonjour Lapatate,

Je suis neuropsychologue et psychologue clinicienne ; je vois régulièrement de jeunes adultes qui rencontrent des difficultés dans leurs études, dans des contextes de stress ou de souci plus ou moins importants.
Il peut exister plusieurs explications à votre difficulté, et je laisse mes collègues d'orientation psychodynamique s'exprimer sur les possibles liens avec les attentes familiales et personnelles, votre parcours et votre enfance.
Simplement pour ma part, sachez que la cognition (concentration, mémoire) est très influencée par notre état d'humeur : une anxiété, des soucis familiaux, une inquiétude pour un proche, une humeur dépressive ou des pensées négatives sur nos capacités, focalisent notre attention par le biais de "ruminations" : pendant que j'essaie de lire un cours, mon cerveau est en même temps en train de me dire, par exemple : "Comment va se passer l'opération de Mireille? et si ça tourne mal? papa serait trop triste de perdre sa soeur... oh et puis je suis nulle, je n'arrive pas à me concentrer, je n'arrive à rien, je vais échouer mes partiels et rajouter du souci à mes proches, sans parler du prêt étudiant que je ne pourrai pas rembourser", etc. Pendant que vous ruminez comme ça, votre cerveau est en "double tâche" : difficile de faire autre chose efficacement en même temps! Sans compter que toutes ces pensées ont un impact émotionnel, qui empêche aussi la concentration d'être efficace.
Il peut donc être utile de voir, d'une part, si ces inquiétudes jouent sur votre concentration, et d'autre part, si vos attentes vis à vis de vous-mêmes n'ont pas un effet inverse de ce qui est attendu : plus vous vous mettez la pression, plus vous êtes anxieuse, moins vous avez de chances de réussir à vous concentrer et apprendre ; et donc, ça vous amène à être encore plus anxieuse, etc...
Il faudrait voir pour cela quelles sont vos pensées quand vous devez vous mettre à travailler, quel impact elles ont sur vos émotions, et sur vos comportements.
Vous pouvez consulter un confrère psy dans votre région pour faire le point sur tout ça, et voir quelle méthode vous convient le mieux (orientation psychodynamique/psychanalytique, orientation gestalt, systémique ou cognitivo-comportementale... à vous de voir!), il suffit de demander au thérapeute quelle méthode il utilise et d'en "tester" plusieurs si vous n'êtes pas convaincue :-)
Bonne continuation!

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>  >   Réponse par LaPatate, non membre, le 28/04/2016 à 13:37 pour Eve R
Bonjour Eve R,
Merci pour votre réponse très intéressante.
Comme vous le signalez très justement, j'ai tendance à énormément ruminer, surtout le sentiment de colère, parce que je suis régulièrement énervée, au point parfois de verser des larmes (que l'on interprète souvent comme du chagrin mais qui sont en fait des larmes de frustration - cependant, j'évite un maximum de pleurer devant d'autres gens, c'est une sensation extrêmement désagréable).
Sur la question du psy, me confier en face à face me procure de façon très générale un sentiment de gêne, d'humiliation; d'où le choix d'internet, qui me permet de rester relativement anonyme.
Merci beaucoup pour votre réponse.

Cordialement

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>   Plein de choses ... par S Protassieff, membre actif, le 27/04/2016 à 22:22 pour Lapatate
Bonjour Lapatate,

Comme le dit Eve R. vous avez apparemment des raisons "objectives" d'avoir des difficultés à vous concentrer. Vivre avec ou à côté d'une personne très malade est très éprouvant : anxiété, préoccupation, parfois même culpabilité ... Il est parfois nécessaire de se faire accompagner, quand c'est trop dur. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ? Peut-être n'avez-vous personne à qui parler réellement des émotions qui vous assaillent à ce sujet ?
J'aimerais aussi en savoir davantage sur vos allergies.
Et aussi de quel art parlez-vous, dessin, mais quel genre ? et qu'est-ce qui vous a fait choisir cette voie ? Est-ce cotre choix à vous, ou plutôt un choix .... familial ?
Bref, dites-nous en davantage !
Cordialement
Sylvie Protassieff
Psychologue clinicienne

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>  >   Réponse par LaPatate, non membre, le 28/04/2016 à 13:30 pour Sylvie Protassieff
Bonjour Sylvie Protassieff,
Merci beaucoup pour vos réponses très intéressantes, je reconnais que le stress doit y être pour quelque chose, mais il ne s'exprime pas physiquement, alors je ne le ressens pas forcément.
Pour ce qui est de la maladie, je ne préfère pas développer mais il est vrai que c'est assez compliqué de vivre avec et j'ai tendance à beaucoup m'en vouloir d'infliger des difficultés supplémentaires, d'autant que je suis quelqu'un d'assez colérique, difficile à vivre.
Cependant, j'ai beaucoup de mal à me confier en tête à tête, d'où le choix d'internet; c'est une sensation désagréable qui me laisse généralement un sentiment d'humiliation et de faiblesse. dans ces conditions, l'idée de voir un psy est dure à accepter.
Et lorsque je parle de ma peur de rater mon année, lorsque j'évoque la possibilité de rater mes partiels, on me renvoie généralement la "réponse type" : tu vas y arriver, ne t'inquiètes pas, il n'y a pas de raison. Je suppose qu'elle est censée me rassurer, mais elle me laisse généralement un arrière goût désagréable dans la bouche.
Pour ce qui est des allergies, ce sont en fait des intolérances alimentaires, assez nombreuses, qui m'obligent à éviter certains légumes, fruits. je ne peux également pas manger de produits laitiers, de moutarde et de vanille, ainsi que certains poissons. C'est un régime assez strict, mais je m'y suis adapté relativement vite, grâce à ma nutritionniste.
Eh bien, concernant l'art, je voudrais me tourner vers la BD, devenir auteur. J'ai toujours aimé raconter des histoires, j'ai l'imagination fertile, et je dessine depuis la maternelle. mais le choix de se tourner vers l'art comme voie professionnelle vient surtout du fait que mon autre passion, l'écriture, ne mène pas à grand chose, mis à part la satisfaction personnelle.
Encore merci pour votre message.

Cordialement

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>  >  >   BD ? par Eve R, non membre, le 29/04/2016 à 7:53 pour LaPatate
Bonjour LaPatate,

Je comprends qu'il vous soit difficile de vous tourner vers un psy, c'est toujours une démarche très compliquée. Avez-vous déjà fait une expérience (malheureuse semble-t-il) d'une consultation psy, ou bien est-ce l'idée que vous vous en faites, d'une situation humiliante?
Vous savez, quand on se rend chez un psy, il n'y a ps en fait d'obligation à se confier. Vous pouvez faire une tentative en commençant par dire des banalités, et si vous vous sentez à l'aise ensuite, lui en dire un peu plus ; vous avez aussi le droit de lui dire "Je me sens ma à l'aise, je préfère arrêter la séance maintenant.", et partir!
Et puis, je me demande : puisque vous avez du mal à vous exprimer en tête à tête, ou à trouver le psy qui vous conviendrait, pourquoi ne pas mettre en BD ce que vous vivez? Faire la BD de votre vécu, en faisant exprimer par votre personnage ce qui se passe dans votre tête, avec vos ressentis et vos sentiments imagés, pourrait peut-être vous aider, et, un jour, vous pourriez peut-être partager les premières pages avec un psy et voir si vous vous sentez en confiance ensuite pour lui faire lire le reste?
Car il me semble que seule, vous avez du mal à avancer ; demander de l'aide est difficile, mais vous permettrait peut-être d'avoir une plus belle vie pour toutes les nombreuses années à venir : pensez-vous que cela vaut la peine d'essayer ?

Bon courage et bonne continuation à vous, vous pouvez m'écrire par mail si vous le souhaitez.

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