Bonsoir (ou bonjour),
J'écris ici car je me pose plusieurs questions sur les relations parents-enfants.
Bref contexte : j'ai presque 23 ans, je suis encore étudiante, j'ai également une demi-sœur et un demi-frère (beaucoup) plus âgés (nés d'un père différent, mais en général je me réfère à eux comme à mon frère et à ma sœur, du coup on a juste la même mère, mais mon père les a élevés car leur père est mort après le divorce)
Ce que je me demande, c'est si nous devons quelque chose à nos parents. Outre le respect du fait qu'ils soient nos parents et qu'ils nous ont élevés.
Est-ce qu'en tant qu'enfant nous nous devons de leur faire plaisir, de faire systématiquement ce qui les rends heureux eux, plutôt que nous ?
Je ne parle pas là de choisir un cadeau d'anniversaire (ou autre fête) qui leur plait, mais le fait plutôt de ne jamais les contredire, de faire des choix familiaux ou personnels en fonction de ce que eux veulent, ce qui leur ferait plaisir. Doit-on se contraindre à vivre des choses qui nous déplaisent, pour eux ? Parce que ce sont nos parents ?
Je prends des exemples :
Il y a quelques années, nous étions chez ma sœur (relation houleuse avec mes parents depuis longtemps avec une succession de ruptures et de reprises de contact) et elle avait dans son appartement une photo de son père (son vrai père), et ça a déplu a ma mère (donnant pleins d'arguments que cet homme n'a jamais été là pour elle, que c'était une honte, que c'était désavouer tout ce que notre mère et mon père ont fait pour elle etc. etc.
Ma sœur aurait dû, selon ma mère, enlever cette photo (voire la jeter), mais elle ne l'a pas fait (ce qui a entrainer une nouvelle rupture pour plusieurs années sans contact entre eux).
Et bien sûr, ma mère nous a dit ça à nous, mon père, mon frère et moi, sans le dire directement à ma sœur.
Un peu plus tard, suite au décès de leur grand-mère commune (du côté de leur père) mon frère et ma sœur ont eu des contact avec leur famille paternelle (pour l'enterrement, les questions d'héritages etc).
Ce qui a de nouveau déplu à ma mère, qui aurait sans doute voulu que mon frère (surtout, étant en froid total avec ma sœur il n'y avait pas de contact) refuse le testament, mais sans le dire clairement et lui a décidé de le garder, ce qui a créé des tensions.
En outre, mon frère vit à plusieurs centaines de kilomètres de chez nous, travaille à plein temps et ne rentre que très peu chez mes parents (3 ou 4 fois par ans il vient le week-end, avec sa copine le plus souvent, sachant qu'ils n'ont pas de chambre dans l'appartement, ils dorment sur un matelas gonflable dans le salon). Ma mère se plaint constamment qu'il ne vient jamais à la maison, qu'il est plus souvent chez ses beaux-parents, que c'est toujours très court.
Ce Noël il a décidé de le passer pour la première fois, avec sa chérie, chez ses beaux-parents (qui vivent eux à plusieurs kilomètre de là où il vit, mais dans l'autre sens, donc à l'autre bout de la France pour nous), ce qui a à nouveau fait un scandale à la maison, ma mère se rendant presque malade toute la soirée en disant que son fils lui manque, et en lui envoyant des messages remplis de sous-entendus laissant entendre qu'il est égoïste de passer Noël loin de chez nous (sachant qu'il a plus de 30 ans), toujours sans vraiment le dire directement mais avec des formules du genre "une mère sera toujours là alors que ta copine peut-être pas, réfléchis-y"
De plus, mon frère a récemment décidé de se marier avec sa chérie à Las Vegas (profitant d'un voyage aux USA) tout en prévoyant une fête en France à leur retour (avec la cérémonie religieuse par exemple). Mes parents (ma mère surtout) agissent comme si ça les rendait malheureux. Ma mère dit "il m'a fait ça alors que c'est mon seul fils que je pourrais conduire à l'autel"
C'est un peu comme s'il agissait en enfant désobéissant et égoïste de lui faire ça, comme s'il s'agissait d'une attaque personnelle, alors qu'il a simplement envie de se marier avec celle qu'il aime (ce qu'elle le tanne de faire depuis plusieurs années maintenant). Comme si tout ça signifiait qu'il ne l'aime pas.
J'en viens à moi à présent, j'ai grandi en observant ce genre de comportement de mes parents avec mon frère et ma sœur plus âgés. Ce que j'ai évoqué ne sont que des exemples parmi d'autres, ceux qui me semblent les plus criants. Mais il y a aussi tout les petits amis/petites amies qui n'étaient pas bien, les choix d'orientation
Le fait est que j'en arrive à avoir du mal à prendre des décisions pour moi, sans réfléchir à si ça va plaire à mes parents ou non, sans me demander si c'est de l'égoïsme de ma part vis à vis d'eux. Parce que dès que je fais quelque chose que j'ai envie, je le sens comme un reproche quand j'en parle à mes parents qui me laissent entendre que j'ai des goûts bizarres, des envies bizarres, que je ne suis pas normale, pas comme les autres, ou alors ils s'étonnent subitement de ces goûts.
J'ai envie d'aller travailler loin de chez moi, voire à l'étranger, j'ai envie de devenir végétarienne, alors que mes parents voudraient que je prenne un job dans ma région et qu'ils sont de gros, gros, gros mangeurs de viandes (mon père est cuisinier, il le prendrait comme une attaque personnelle en fait, mais en vrai, j'ai jamais aimé la viande).
Je n'ai en revanche pas envie de me marier, ni spécialement de créer une famille, alors que ma mère le voudrait, me le répète souvent "quand tu seras enceinte", ou des "tu pourras pas faire ça si t'es enceinte" ou "quand tu auras un chéri" ou bien "avec mes petits-enfants" (sachant qu'elle a déjà des petits enfants, de ma sœur, qu'elle ne voit jamais qu'elle n'a jamais gardé, elle ne les supporte pas, les trouve trop grands, trop gros, trop mal élevés, trop gâtés..., alors qu'elle adore les bébés de ses copines qu'elle voit et gâte beaucoup et qu'elle travaille dans la petite enfance et voit des petits enfants tout le temps).
En fait j'ai vécu tellement de contraintes en famille, que j'ai envie de prendre ma vie en main, de faire ce que j'ai envie, sans m'ajouter une contrainte, celle d'un copain par exemple qui m'empêcherait de faire ma vie, ce que j'ai envie. J'ai pas envie de rentrer dans le moule "mariage à 25 môme à 30 (divorce à 35?)". Je l'ai voulu en étant plus jeune, mais parce que c'était évident, c'était ce que ma mère voulait, mais aujourd'hui j'ai envie de voir ce qui arrive, de réfléchir à plein de chose, sur moi, le monde, mais je sais que si j'en parle, on me prendra pour une folle. J'ai envie de faire du bénévolat par exemple, mais mes parents seraient capable de dire ou de sous-entendre "tu as le temps pour les pauvres, mais pas pour venir nous voir, on compte moins qu'eux, tu ne nous aimes pas"
Du coup j'attends un peu d'avoir mon job, pour pouvoir faire mes choix.
Pour le job loin, ou à l'étranger, je le fais passer pour une contrainte, puisque j'ai passé le CAPES, si je l'ai je serais envoyée n'importe où en France (mais je n'ai jamais révélé que j'avais envie, réellement, d'être éloignée) et ma mère n'arrête pas de dire qu'elle "viendra en vacances chez moi." Ce qui signifie s'inviter pendant une semaine dans l'appartement que j'occuperai, lui laissant mon lit et dormant, moi, sur le canapé (ce qu'elle a souvent fait avec mon frère quand il avait déménagé pendant des années, m'emmenant, petite, avec, on était à trois dans un studio).
Quand je lui dis qu'elle n'a qu'à aller à l'hôtel, elle me dit "tu vas quand même pas mettre ta mère à l'hôtel, c'est moins cher de dormir chez toi" (mes parents n'ont pas de problème d'argent, pour preuve, ils sont partis 3 fois en vacances cette année, et font ça presque tous les ans) et me laisse ensuite entendre que je suis une fille ingrate et indigne, qu'après tout elle me paie la fac et que du coup je devrais lui montrer mieux ma reconnaissance.
Bref, d'où ma question de départ, sommes-nous obligés de prendre les décisions qui font plaisir à nos parents ? Sommes-nous des enfants ingrats ou égoïstes quand on fait des choix de vie en contradiction avec ceux de nos parents ?
Devons-nous vivre, en tant qu'adulte, soumis à leurs lois ?
Est-ce qu'on leur doit quelque chose ? Car si c'est la vie qu'on leur doit, l'éducation, des sacrifices pour nous élever ou autre, certes je ne le nie pas, mais je n'ai rien demandé, de nos jours on fait le choix d'avoir des enfants (entre la contraception et l'avortement, ça ne nous "tombe" plus dessus sans raison) et ça implique vingt ans d'éducation pour chacun d'eux. C'est facile de nous donner quelque chose qu'on n'a pas demandé en nous demandant après d'être reconnaissant, comme à un enfant de deux ans à qui on achète une peluche qu'il n'a jamais réclamé et qu'on lui demande s'il est content.
Bref à quel moment devient-on égoïste lorsqu'on fait des choix en contradiction avec les volontés familiales ?
Pour l'instant, je ne fais pas trop de vagues, j'ai pas fini mes études, je suis encore dépendante d'eux, mais leur façon d'être me pèse souvent, car je dois me conformer à ce qui me ressemble de moins en moins pour avoir la paix.
Ce message est plus long que prévu initialement, mais je pense avoir eu besoin d'étoffer pour étayer mon propos, illustrer et de fait avoir.
Merci de m'avoir lue et merci d'avance pour vos réponses.
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