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Affects toxiques

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Une discussion initiée par NicoD, membre actif, le 18/11/2023 à 1:41.
Salle de discussion: Psychologie, professionnels, thérapies


Bonjour à tous,
Je viens de m'inscrire donc je me présente. Je ne suis pas professionnel de la psychologie mais le sujet m'intéresse. J'ai fait plusieurs thérapies de divers types (j'ai 79 ans, j'ai eu le temps Smiley ).
Mon sujet ne me concerne pas personnellement. C'est un point théorique sur une classe d’affects. J'écris actuellement un essai sur un roman où j'étudie la psychologie de l'héroïne et partant de l'auteure (c'est son avatar).
Voilà ma problématique :
Il y a d'une part des affects qu'on peut dire positifs car ils sont chauds et gratifiants comme l'amour, la joie, l'enthousiasme, etc.
D'autre part il y a des affects négatifs comme la haine, la tristesse, la peur, etc.
Mais à mon sens il y a aussi ce que j'appelle les affects toxiques. L'exemple le plus frappant se trouve chez les paranoïaques. J'ai eu l'occasion d'en fréquenter pas mal aussi bien dans ma vie privée que dans ma vie professionnelle. Ils cherchent constamment querelle, ils ne voient que le côté négatif des choses, ils pissent le vinaigre, dans une situation un peu tendue ils jettent de l'huile sur le feu plutôt que de tenter calmer les choses. À la base ils se sentent constamment agressés et répondent à cette illusion par une agression tout aussi constante. Quand ils ont bien vidé leur sac on les voit tout guillerets : ils n’ont rien gagné, voire même ils ont perdu des plumes dans la bagarre, mais ils se sentent bien. Ils ont eu leur dose de ce que j’appelle à tort ou à raison des affects toxiques, c’est leur nourriture émotionnelle de prédilection.
J’ai cherché mais je n’ai pas trouvé comment on appelle cette classe d’affects.
On trouve un type d’affects un peu différents mais toxiques aussi chez les dépressifs. Les idées suicidaires en sont l’exemple le plus manifeste. Ils ont ainsi un tropisme pour les situations, les activités, les relations qui leur sont préjudiciables. On constate aussi que ce qu’ils appellent la joie voire l’amour peuvent en fait être aussi toxiques. J’ai vu le cas de d’une femme qui, sans être pratiquante mais ayant un fond religieux assez net, parlait de la dévotion à l’égard de Dieu uniquement en termes toxiques.
À votre avis est-ce que le terme toxique convient ou bien y a-t-il une terminologie reconnue pour cette classe d’affects ?
Je vous remercie d’avance d’éclairer ma lanterne.
Cordialement.
Nico

NicoD a reçu 2 réponses

>   Re: Affects toxiques par S Protassieff, membre actif, le 27/11/2023 à 10:17 pour NicoD
Bonjour NicoD,

A mon sens, vous cherchez trop à faire des catégories, ce que vous appelez des "classes d'affects". Les affects ne sont à mon sens ni positifs, ni négatifs, ils sont des outils que l'on peut utiliser ... ou pas. Ressentir de la tristesse est positif quand on vit un deuil par exemple. C'est une réaction ajustée à la situation. Ne pas la ressentir serait ce qu'on appelle du déni. Et le déni peut apporter un cortège de conséquences comme des problèmes psychosomatiques, de l'anxiété, etc.
Personnellement, je n'utilise que rarement le mot "toxique". Simplement, l'être humain, avec son masochisme et ses compulsions de répétition a un certain talent pour se gâcher la vie, en étant parano, dépressif ou en se mettant dans des situations inextricables !
Sinon, je n'ai pas compris le lien entre ce que vous écrivez et vos questions.
Bien à vous
Sylvie Protassieff
Psychologue Psychanalyste

>  >   Re: Re: Affects toxiques par NicoD, membre actif, le 28/11/2023 à 19:41 pour S Protassieff
Bonjour S Protassieff,
Je vous remercie de votre réponse.
Vous dites que vous ne l'utilisez que rarement mais je suppose que cela signifie que le terme fait partie de votre vocabulaire et qu'il est accepté. J'avais fait des recherches mais je n'avais rien trouvé. Pourriez-vous me donner une référence ou deux ? Je me demandais s'il y avait un autre terme plus courant.
Plutôt que négatifs ou positifs il y a déjà les affects qui traduisent une souffrance comme la tristesse, la haine, la honte, le sentiment de culpabilité, la rage, etc., ce sont des affects délétères, et ceux qui traduisent un plaisir ou une gratification comme la joie, l'amour, l'enthousiasme, etc., ce sont des affects vivifiants.
Il y a aussi les affects basés sur une relation à autrui comme l'amour et la haine, l'amitié et l'hostilité, et ceux qui n'impliquent pas nécessairement de relation comme la joie et la tristesse, l'enthousiasme et le désespoir, etc. Pour moi ce sont de grandes classes d'affects.
Je ne dirais pas que ressentir de la tristesse est positif mais qu'il est nécessaire de ressentir ses émotions même si elles sont douloureuses et si possible de les exprimer verbalement afin de pouvoir les dépasser. Sinon en effet le déni ou le refoulement aboutit à ce qu'elles nous rongent de l'intérieur et qu'elles influencent notre conduite malgré nous. Je l'ai vécu plusieurs fois : ressentir des affects longtemps refoulés peut être extrêmement pénible. Ce n'est qu'après coup qu'on s'aperçoit qu'on en est plus ou moins libéré.
Dans le roman que j'étudie l'héroïne, avatar de l'auteure, souffre d'une dépression abyssale et de plusieurs autres troubles psychologiques assez sévères. Elle parle de ses amours, de sa joie, de son bonheur, du désir, du plaisir, etc., en des termes tout à fait décalés et sans jamais en donner d'illustrations concrètes. Lors d'une première lecture assez superficielle on ne voit rien d'anormal à part qu'on peut être tout de même un peu perplexe étant donné ses tendances manifestement suicidaires. Mais lors d'une étude approfondie on s'aperçoit qu'en fait tout ce qui fait sa joie et ses délices selon ses propres termes comme l'amour, le désir, le plaisir, ces émotions qu'on suppose chaudes et gratifiantes mais dont elle parle en termes littéralement polaires, sont en fait pour elle toxiques. À l'analyse c'est très clair : les affects toxiques sont sa nourriture émotionnelle de prédilection.
Donc on a une configuration assez étonnante : voilà une personne qui ne cesse d'évoquer des émotions en principe du côté chaud du spectre, qui semble même ressentir un enthousiasme pour ce qu'elle vit, mais en en parlant en termes parfois apocalyptiques et en tout cas sans montrer la moindre chaleur.

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